Série : Wallander #2
Auteur : Henning Mankell
Titre original : Mördare utan ansikte (suédois)
Traducteur : Philippe Bouquet
Éditeur : Points Policier
Date de publication : 1991 (Traduction française : 1994 et 2001)
Pages : 386
* Kurt Wallander se fit de nouveau la réflexion que quelque chose d'important était en train de se passer en Suède. Il eut même fugitivement l'occasion de constater qu'il nourrissait personnellement des opinions parfois bien contradictoires quant à certains arguments hostiles dans la presse ou dans le débat public au moment du procès. Le gouvernement et le service de l'Immigration étaient-ils vraiment bien informés quant à l'identité des gens qui arrivaient en Suède? Qui méritait d'être qualifié de réfugié et qui n'était qu'un aventurier? Etait-il même possible de faire vraiment la différence?*
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Dans une ferme isolée de Suède, un couple de paysans retraités est sauvagement assassiné. Avant de mourir, la vieille femme murmure un mot: "étranger". Il n'en faut pas plus pour provoquer une vague de violence contre les demandeurs d'asile de la région. Le commissaire Wallander va devoir agir vite, sans tomber dans le piège de la xénophobie ambiante qui brouille les pistes...
Un crime horrible, apparemment sans mobile, commis dans une ferme : deux personnes âgées décèdent, mais avant cela, la femme a le temps de prononcer le mot « étranger ». C’est une bien maigre piste pour le commissaire Wallander et son équipe, mais ils doivent faire de leur mieux pour découvrir le coupable au plus vite, avant que la xénophobie ne pousse certains habitants de la région à des actes terribles.
La trame de l’histoire est simple, banale, même. Et pourtant, immédiatement, on sent que c’est un roman qui vaut le détour. Est-ce à cause de la violence du crime ? Est-ce à cause du peu d’indices à disposition des enquêteurs ? Ou encore en raison du caractère des personnages, qui ne lâcheront pas l’affaire avant d’avoir découvert la vérité ? Peu importe…
Meurtriers sans visage est le premier livre de la série « Kurt Wallander ». Il met donc en place des personnages que l’on retrouvera plus tard, ainsi que le paysage suédois. Rapidement, on a un aperçu de la vie de Wallander, qui n’est de loin pas un super-héros – malgré le sang-froid et l’esprit d’initiative dont il fera preuve. Entre sa femme qui l’a quitté, sa fille qui ne lui fait pas confiance et son père qui l’inquiète de plus en plus, sa vie n’est pas vraiment rose. Au cours de l’enquête, il s’interroge également sur la police et sur la criminalité en général, ce qui nous fait réfléchir.
Henning Mankell pose également les bases des relations entre les autres personnages, en particulier celles de l’équipe d’enquêteurs. Ils ne sont pas encore trop développés, ce qui est compréhensible au vu du nombre de romans qui suivront. De cette manière, l’auteur limite les répétitions inutiles. Le personnage de Rydberg est très attachant – peut-être aussi parce que je connais la suite, n’ayant pas lu les romans dans l’ordre où ils ont été écrits – et j’ai beaucoup aimé la manière dont lui et Wallander collaborent.
Du point de vue de l’enquête elle-même, on est immédiatement plongé dans l’atmosphère du crime. L’action s’essouffle toutefois rapidement en raison du manque de pistes. C’est alors que d’autres événements surviennent, remettant un peu de vie à l’hôtel de police. Bien qu’intéressants, j’ai trouvé que ces épisodes étaient quelque peu lents, en particuliers si on les compare avec la fin, qui est elle très rapide. En effet, on passe sur plusieurs mois de recherches infructueuses en quelques pages, puis on a la résolution, en quelques pages également. J’ai trouvé dommage que la répartition soit si inégale.
Les passages où il n’y a pas beaucoup d’action sont tout de même très intéressants. Ils nous permettent de découvrir un pays que, personnellement, je ne connais pas, par de petites scènes d’apparence innocente. C’est seulement à la fin du livre qu’on se rend compte que, finalement, on en sait bien plus sur la Suède qu’auparavant.
En raison de la nature du crime qui est commis au début du livre et du dernier mot prononcé par la femme avant sa mort, Henning Mankell se penche sur les étrangers. Bien que le livre ait été écrit dans les années 1990, c’est un thème qui est aujourd’hui encore d’actualité. Au fil des pages, on remarque à quel point les personnages ont des réactions différentes par rapport aux réfugiés, et j’ai trouvé que c’était un bon échantillon de la société.
Le style d’écriture nous plonge rapidement dans le roman car il est plutôt facile à lire et entraînant. J’ai toutefois été gênée par quelques répétitions (surtout le nom complet de Kurt Wallander, qui revient un nombre incalculable de fois, alors que ses collègues, par exemple, sont généralement désignés par leur nom de famille seulement). En comparaison avec les autres romans d’Henning Mankell que j’ai lus, j’ai tout de même trouvé que le style était un peu moins soigné. J’ai deux hypothèses qui pourraient expliquer cela : soit c’est parce qu’il s’agit de la première enquête de Wallander et que l’auteur en était encore à ses débuts, soit c’est parce que le traducteur n’est pas le même que pour la plupart des autres romans de Mankell.
Quoi qu’il en soit, c’est un très bon roman que je recommande à tous ceux qui aiment les bons romans policiers, sachant qu’il y a quand-même quelques chapitres où l’action n’est pas au rendez-vous. Certaines scènes sont relativement violentes (en particulier la description de la scène du crime) et certains jeunes lecteurs pourraient donc être choqué. Si vous aimez les enquêtes de Wallander, il est très intéressant d’en lire les débuts pour voir ensuite son développement dans les prochains romans.
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Un grand merci à mon frère de m'avoir offert ce livre
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