Auteur : Emilie Decamp
Éditeur : Chloé des Lys
Date de publication : 2011)
Pages : 107
* Elle écrivait des mots forts, des mots tendres, des mots violents. Envers et contre tout. En vers et contre tous. C'était sa liberté et rien ne pourrait l'empêcher de s'évader de cette manière. Son père, évidemment, n'était pas au courant. Personne ne l'était, à part sa grand-mère. Et c'était mieux comme cela. *
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Malgré une enfance par toujours rose, elle semblait être une fille correcte. Mais à 20 ans seulement, sa vie semble compromise.
Voici les dernières heures d'une vie, d'un monde, d'un "elle". L'histoire d'un combat entre mots et stupéfiants.
Voici les dernières heures d'une vie, d'un monde, d'un "elle". L'histoire d'un combat entre mots et stupéfiants.
24 heures pour la fin d’un monde, un titre mystérieux, qui est ouvert à l’interprétation. Vingt-quatre heures, c’est court pour la fin d’un monde, et pourtant, il suffit bien souvent de quelques secondes pour qu’une vie bascule. Dans ce petit roman, Elle nous raconte, en vingt-quatre heures, les événements qui ont façonné sa vie et qui l’ont emmenée là où elle se trouve actuellement, perdue entre les mots et la drogue, délaissée de tous. Le titre laisse présager une fin sombre, pourtant, rien n’est prévisible, et les scénarios qui se proposent avant la lecture sont multiples.
C’est à ce petit jeu d’imagination que je me suis essayée en recevant le livre et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je dois admettre que j’ai été déçue par l’apparence de l’ouvrage. En effet, si l'image me plaît et paraît bien à propos, je n’ai pas été impressionnée par la qualité de la première et de la quatrième de couverture, et encore moins par celle de la tranche. En effet, le logo de la maison d’édition est très pixellisé, tout comme le résumé, le prix, la photographie et la biographie de l’auteur, qui est d’ailleurs écrite d’une police différente que je trouve mal assortie au reste. Ce qui m’a le plus gênée, toutefois, c’est que le nom d’Emilie Decamp soit à peine visible, écrit en noir sur fond gris foncé.
L’intérieur du roman m’a lui aussi laissée sur ma faim car je n’avais pas l’impression d’une œuvre réellement finie du point de vue de la mise en page. Les variations de police sont intéressantes car elles font écho aux différents styles avec lesquels l’auteur s’amuse, mais elles ne vont pas très bien ensemble. De plus, les interlignes sont très aléatoires, ce qui m’a quelque peu perturbée. Je cherchais une logique, pensant que cela donnait des informations supplémentaires sur l’organisation du récit, mais je n’en ai trouvé aucune. Heureusement, je ne m’arrête pas à l’apparence d’un livre…
En voyant le nombre très réduit de pages et les paragraphes espacés, écrits en gros caractères, j’ai décidé de retarder un moment cette lecture qui se révèlerait sans aucun doute rapide en faisant des hypothèses sur son contenu. Autant vous dire que je ne m’étais pas du tout préparée au délice qui allait suivre, un vrai coup de cœur qui porte à réfléchir. Emilie Decamp a une plume magnifique et tout au long du récit, elle s’essaie à différents styles, mêlant à son récit entre autres lettres et poésie. C’est dans ce dernier genre qu’elle excelle, et c’est sans aucune surprise que j’ai appris qu’elle avait déjà publié plusieurs recueils de poèmes. J’avoue que la poésie ne m’attire en général pas réellement, mais ce qu’elle a écrit là m’a particulièrement touchée. En rimes, et particulièrement sombres, ces petits textes témoignent parfaitement de l’état profond de désespoir dans lequel l’héroïne se trouve.
Pour parler d’Elle, justement, l’auteur a su trouver les mots justes pour la rendre sensible et attachante, sans toutefois nous dégoûter complètement de la vie, comme c’aurait pu être le cas. Sans jamais apprendre son prénom, et à travers de courts chapitres représentant chacun une heure, s’approchant irrémédiablement de l’instant fatidique, on en vient à la connaître, à comprendre sa vie, son existence et les étapes qui ont causé cette descente aux enfers. Et alors, des questions apparaissent : que faire quand on n’a plus personne pour nous aider ? A quel point le milieu dans lequel nous grandissons influence notre avenir ? Et, plus ouvertement, pourquoi vivre ? C’est une interrogation qui a probablement traversé l’esprit de la plupart d’entre nous, alors que nous ne nous trouvions pas nécessairement dans une situation aussi désespérée que celle de notre héroïne. Il y a des milliers de réponses, allant du simple plaisir physique de la vie et du fait d’exister à l’amour et aux petits plaisir que les autres nous procurent. Mais quand il n’y a plus rien à quoi s’accrocher, qu’on est seul au monde, que se passe-t-il ?
C’est cette sombre perspective que nous dresse Emilie Decamp dans ce roman. Les petits chapitres font penser à une sorte de retour sur soi-même, écrits un peu comme un « stream of consciousness », dans un ordre personnel à la narratrice, selon le fil de ses pensées. Des petits bouts de sa vie. Des souvenirs. Elle sait qu’elle va mourir, et c’est le moment de faire le bilan de son existence et, pourquoi pas, de comprendre comment elle en est arrivé là. Il y aurait eu d’autres développements possibles, des fins heureuses, où l'écriture l'aurait emporté sur la drogue, ou plus sombres encore. L’auteur a choisi celle-ci, et à juste titre me semble-t-il. Certains pourraient lui reprocher de tomber quelque peu dans les stéréotypes, mais loin d’être dans l’excès, cela donne justement plus de force au récit. Ainsi, un univers sombre est décrit, sorti de son imaginaire… mais qui, en fait, est bien réel pour certains d’entre nous.
24 heures pour la fin d’un monde est un petit roman qui se lit extrêmement vite, mais qui n’en est pas moins poignant. Alors que les larmes coulaient toutes seules, j’ai eu envie de faire durer le plaisir le plus longtemps possible, et j’ai été bien déçue de tourner la dernière page. Comprenez-moi bien, cette déception n’a rien à voir avec la fin ou l’histoire en elle-même. C’est seulement le regret d’avoir passé un si bon, mais si bref moment aux côtés de cette héroïne torturée qui n’a pas eu de chance dans sa vie. Je ne vous le cache pas, ce n’est pas un récit gai, mais je le recommande néanmoins à tous. Extrêmement touchant, je pense toutefois qu’il est préférable d’avoir déjà une certaine maturité pour l’apprécier à sa juste valeur, d’une part en raison du sérieux des thèmes abordés – la drogue, la mort et un univers très noir – mais aussi et surtout pour en saisir la profondeur et les subtilités qui échapperaient sans doute aux plus jeunes lecteurs.
Je termine donc en remerciant le forum A&M pour l’organisation de ce partenariat, et les Editions Chloé des Lys pour leur confiance. Un grand bravo à l’auteur, Emilie Decamp, qui nous offre une histoire magnifique, écrite d’une plume belle et sensible, malgré l’apparence quelque peu décevante du livre. Un coup de cœur !
Partenariat avec les Éditions Chloé des Lys
Un grand merci à la maison d'édition pour sa confiance.
Merci pour ton avis sur mon livre (que je viens juste de voir). Apparemment, l'aspect général du livre a plu à peu de monde. Ce qui est compréhensible : j'ai fait l'erreur de boucler ça dans la précipitation pour une foire du livre et je n'ai pas assez fait attention à l'emballage. Mais bon, on apprend de ses erreurs et ton avis m'y aidera beaucoup.
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire et ton avis honnête ! J'en prends bonne note :)
Emilie Decamp