Auteur : Michel Bussi
Éditeur : Pocket
Date de publication : 2012 aux Éditions Presses de la Cité
Pages : 573
* Lylie... Ce fut le commissaire Vatelier qui l'employa le premier, devant les journalistes. Pas mal trouvé, indéniablement. Si, finalement, les flics pouvaient se montrer romantiques. Tout comme Libellule, le prénom Lylie demeura. Un peu comme un diminutif affectueux. Ni Lyse-Rose, ni Emilie. Lylie... Une chimère, un être étrange composé de deux corps. *
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23 décembre 1980. Un crash d'avion dans la Jura. Une petite libellule de 3 mois tombe du ciel, orpheline. Deux familles que tout oppose se la disputent. La justice tranche : elle sera Émilie Vitral. Aujourd'hui, elle a 18 ans, la vie devant elle mais des questions plein la tête. Qui est-elle vraiment ?
Dix-huit ans que Crédule Grand-Duc, détective privé, se pose la même question. Alors qu'il est prêt à abandonner, la vérité surgit devant ses yeux, qu'il referme aussitôt, assassiné.
Il ne reste plus qu'un vieux carnet de notes, des souvenirs, et Marc, son frère, pour découvrir la vérité.
Dix-huit ans que Crédule Grand-Duc, détective privé, se pose la même question. Alors qu'il est prêt à abandonner, la vérité surgit devant ses yeux, qu'il referme aussitôt, assassiné.
Il ne reste plus qu'un vieux carnet de notes, des souvenirs, et Marc, son frère, pour découvrir la vérité.
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* - Et toi, tu t'appelles comment ?
- Je ne sais pas...
Judith se pinça les lèvres, comme si elle venait de poser une question trop indiscrète. C'était sans doute la première fois qu'elle croisait quelqu'un qui ne portait pas de om. Ele tenta de sourire à l'inconnue, comme lorsqu'elle essayait de réconcilier deux copines qui se disputaient.
- C'est pour ça que tu es triste, alors ? *
Un avion sans elle est mon premier coup de cœur de l’année… et pas des moindres. C’est un roman policier extraordinaire qui m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page ; j’ai tout simplement été incapable de le lâcher avant de connaître le fin mot de l’histoire.
C’est le résumé de la quatrième de couverture qui m’avait d’abord attirée, il y a plusieurs mois de cela. Lors d’une tempête qui secoua le Jura dans la nuit du 23 décembre 1980, un avion s’écrase, ne laissant pour rescapé qu’un bébé de trois mois. Deux familles se disputent la miraculée, celle que les médias ont surnommé « Libellule », et les doutes subsistent, même après la décision du juge. Durant les dix-huit ans qui suivent le drame, le détective privé Crédule Grand-Duc enquête sur l’affaire, ne négligeant aucune piste, pour essayer de découvrir qui est véritablement Emilie Vitral.
Une histoire de famille – ou plutôt, de familles – une catastrophe, des secrets enfouis dans le passé et un détective privé déterminé à éclaircir le mystère : tous les ingrédients étaient réunis pour un bon polar, qui s’est finalement révélé être bien plus que cela. L’intrigue est très bien pensée, le rythme parfait pour conserver le suspense et les personnages intéressants, bien qu’un peu stéréotypés dans certains passages. Les relations qu’entretiennent les deux familles, avec Crédule Grand-Duc en intermédiaire, ajoutent une profondeur rare à l’intrigue, ce qui est extrêmement agréable pour un roman de ce genre.
Si l’intrigue elle-même peut paraître simple au premier abord, il ne faut pas oublier le contexte… et l’année où la catastrophe s’est produite. En effet, en 1980, les méthodes scientifiques n’étaient pas aussi avancées qu’aujourd’hui. Difficile d’imaginer résoudre un tel mystère sans l’ADN et les tests de paternités… et pourtant, la justice devait alors utiliser d’autres moyens pour parvenir à leur décision.
Les voix se mêlent pour nous conter l’enfance de Lylie, depuis le drame jusqu’à ses dix-huit ans. Les souvenirs de Marc Vitral, celui que la justice a désigné comme son frère, apparaissent en alternance avec le compte-rendu détaillé des années d’enquêtes que Grand-Duc a passées à rechercher la vérité. Le point de vue de plusieurs autres personnages nous est également brièvement offert ; qu’il s’agisse de Nicole Vitral, de Malvina, de Mathilde de Carville ou de Lylie elle-même, les différentes perceptions évitent que nous tombions dans le piège des gentils et des méchants. Chacun nous donne sa manière de voir les choses, son avis personnel, et c’est au lecteur d’interpréter et de ne pas se laisser manipuler.
Alternant le passé et le présent, avec même un petit aperçu du futur à quelques reprises, Michel Bussi trouve un équilibre parfait dans son récit. Au fil des pages, la tension monte et les doutes s’insinuent. Qui est vraiment Lylie ? Est-elle Emilie Vitral ou Lyse-Rose de Carville ? Toutes les pistes sont explorées de fond en comble, mais le lecteur est bien loin d’imaginer la surprise qui l’attend à la fin du roman. Un coup de théâtre qu’il me semble presque impossible de deviner, aussi fin limier que l’on puisse être.
Au-delà de l’intrigue policière pure, les relations entre les personnages sont une des forces de ce livre. Bien que l’enquête soit au premier-plan, on s’intéresse beaucoup à la psychologie des protagonistes, ce qui nous aide à comprendre leurs agissements et leurs motivations. Alors que l’histoire se développe, des questions sur l’identité, le bonheur en lien avec l’argent et la justice surgissent, donnant matière à réfléchir.
Un avion sans elle est un livre magnifique que je recommande à tous. C’est non seulement une intrigue policière exemplaire en termes de rythme narratif, de suspense et de coups de théâtre, mais c’est également un livre qui nous pousse à nous interroger sur des questions fondamentales.
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