[FR] Passager vers l'enfer - Lionel Camy

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Titre : Passager vers l'enfer
Auteur : Lionel Camy
Éditeur : Pascal Galodé Éditeurs
Date de publication : 2013
Pages : 301
 

* L'or noir n'était à l'origine rien d'autre que de la matière organique. Des résidus de végétaux et d'animaux morts transformés en énergie fossile après des millions d'années. Autrement dit, ils se situaient à la verticale d'un cimetière aquatique. Un énorme réservoir à esprits, pacifiques ou hostiles.
Qui savait ce que les ouvriers avaient réveillé en perforant la roche sous leurs pieds ?
Avaient-ils libéré un mystérieux virus emprisonné dans la croûte terrestre depuis le début des temps géologiques ? 
Un démon antédiluvien ?
Et s'il avaient, malgré eux, ouvert une porte de l'Enfer ? *
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  Jeune trentenaire au bout du rouleau, Eliot Bellay débarque le jour de Noël en Thaïlande pour des vacances sac à dos. Destination idéale des routards, le "Pays du sourire" a aussi une face sombre, celle du tourisme sexuel, de la drogue et de l'insécurité. Mais le Français n'a qu'une idée en tête : rallier Ko Adang, une île paradisiaque au sud du pays.
Il ne l'atteindra jamais.
Le bateau d'Eliot fait naufrage en mer d'Andamn et il trouve refuge avec d'autres rescapés sur une plate-forme pétrolière désaffectée, perdue loin des côtes.
En dehors d'Eliot, sept voyageurs ont survécu : un compatriote chef d'entreprise, une océanographe québecoise, un fêtard allemand, un retraité japonais, un sportif albanais et un duo de moines bouddhistes. Dans le groupe, la communication n'est pas toujours facile et la confrontation des caractères n'arrange rien. Peu importe. La survie s'organise et Eliot estime qu'ils n'ont pas à se plaindre malgré le milieu hostile.
À tort.
Une tempête tropicale est annoncée et, sans moyen de s'échapper, les naufragés sont contraints d'attendre qu'elle déferle sur l'îlot artificiel. Quand les morts et les incidents bizarres s'enchaînent, Eliot commence à se poser des questions. Et si ces évènements dramatiques n'étaient pas le fruit du hasard ? Le eune homme a la sensation impalpable que les survivants ne sont pas seuls dans leur prison aquatique. La plate-forme serait-elle hantée ? 
À mesure que la situation empire, Eliot en vient même à douter de sa propre santé mentale. Ce n'est que le début d'un cauchemar à l'issue duquel il découvrira une vérité plus terrifiante encore.


L’image qui nous vient bien souvent à l’esprit lorsque l’on évoque la Thaïlande est celle d’une destination touristique paradisiaque aux plages de sable blanc et aux lagons turquoise. Eliot Bellay, un trentenaire français employé en télécommunications ne fait pas exception à la règle : il souhaite y passer ses vacances pour se remettre en forme après une période difficile de sa vie. Pourtant, à peine est-il arrivé à destination que les malheurs s’enchaînent et, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Eliot survit à un naufrage et se retrouve sur une plate-forme pétrolière perdue en mer d’Andaman. Avec sept autres survivants, il se voit obligé de se débrouiller dans ce lieu hostile où les événements étranges se succèdent avec une rapidité déconcertante.
Passager vers l’enfer est un premier roman qui fait de l’effet, et on voit que l’auteur sait de quoi il parle. Tout le monde a déjà entendu parler de la Thaïlande, mais on en connaît généralement surtout les clichés. Quelle désillusion de découvrir un côté plutôt sombre de cette société : de la pollution aux problèmes sociaux en passant par l’inefficacité de la police, l’image décrite n’est pas des plus flatteuses. Pourtant, on se sent happé par ce monde si différent du nôtre, dans lequel on survit comme on peut. Loin de se perdre dans les détails, Lionel Camy nous suggère les traits principaux de l’endroit, nous laissant ensuite le soin d’en faire nos propres déductions.
Rapidement, l’univers du roman se retrouve limité à un seul endroit : la plate-forme pétrolière sur laquelle Eliot a échoué avec ses compagnons de fortune. Un lieu restreint, parfait pour un huis-clos... mais qui se révèle finalement bien plus inquiétant qu’on ne pourrait le penser : des bâtiments désaffectés aux salles de production, tout est sinistre et dangereux. On dirait que la plate-forme est hostile et ne veut pas des naufragés... qui doivent, malgré leurs différences de culture, cohabiter pour survivre.
Les personnages, justement, sont un point central de l’intrigue. Pas facile de cohabiter quand on a des habitudes et des intérêts tout à fait différents. L’auteur nous offre un panorama de cultures très diversifié: deux moines thaïs, une océanographe canadienne, un jeune allemand, un footballer albanais, un chef d’entreprise français et un vieil homme japonais et Eliot... qui se retrouvent forcés de cohabiter pour survivre ; la barrière de la langue ne leur facilite pas la tâche. Bien que parfois un peu stéréotypés, les personnages sont intéressants. Certains sont plus développés que d’autres, en fonction des affinités d’Eliot avec eux. Charlène, la scientifique, est un choix particulièrement intéressant car elle permet à l’auteur de donner, de manière fluide et naturelle, des informations utiles sur le milieu dans lequel se déroule l’histoire.
L’intrigue est relativement simple, mais la tension augmente au fil des évènements. Tout paraît s’acharner contre les personnages... si bien qu’on en vient à se demander s’il n’y a pas quelque chose de plus que le manque de chance dont ils ont été victimes au début. Bien que les scènes tragiques s’enchaînent parfois un peu trop rapidement à mon goût pour être tout à fait réalistes, on se laisse entraîner par le mystère.
Ce n’est qu’à la fin qu’une clef nous est livrée... et encore, ce n’est pas une solution absolue, mais plutôt une suggestion qui laisse de nombreux détails inexpliqués. Au lecteur, ensuite, de faire preuve d’imagination pour expliquer le mystère de la plate-forme ! La résolution, mélangeant légendes thaïlandaises, histoires politiques et sociales, donne matière à réfléchir... Et bien qu’il manque quelques contrastes, c’est un premier roman prometteur qui nous emmène en terre inconnue.
Je remercie Pascal Galodé Éditeurs pour la confiance qui m’a été accordée et le forum A&M pour l’organisation de ce partenariat. Passager vers l’enfer est un bon roman qui m’a fait passer un moment très agréable... et qui pourrait même donner des cauchemars !

 
Partenariat avec Pascal Galodé Éditeurs




[FR] Dans le jardin de la bête - Erik Larson

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Titre : Dans le jardin de la bête
Titre original : In the garden of beasts (EN - US)
Auteur : Erik Larson
Traducteur : Edith Ochs
Éditeur : Le Livre de Poche
Date de publication : 2011, 2012 (traduction française)
Pages : 627
 

* La nation se préparait tranquillement mais efficacement à la guerre, utilisant la propagande pour faire valoir que "le monde entier était contre l'Allemagne et qu'elle se trouvait sans défense face au monde". *
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1933. Sollicité par le président Roosevelt, William E. Dodd accepte d'être le nouvel ambassadeur américain à Berlin. S'il n'est pas diplomate mais historien, il a un solide atout : il est germanophone. Lorsqu'il débarque en Allemagne, sa femme et ses enfants l'accompagnent. Sa fille, Martha, 24 ans, succombe vite aux charmes du narisme et plus particulièrement à ceux de Rudolf Diels, le chef de la Gestapo. Au fil des mois, les yeux de W. E. Dodd se dessillent. Il tente d'alerter le département d'État américain sur la vraie nature du régime. En vain. Martha, quant à elle, s'éprend d'un espion russe.
Grâce aux notes personnelles de William et de Martha Dodd, l'auteur du Diable dans la ville blanche nous dévoile une page de l'histoire inconnue qui se lit comme un thriller palpitant.
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* La Gestapo entretenait son image sinistre en conservant le secret sur ses opérations et ses sources d'information. Les gens recevaient par la poste des cartes comme tombées du ciel, leur demandant de se présenter pour un interrogatoire. Ils étaient terrorisés. Malgré leur apparence ordinaire, ces convocations ne pouvaient être négligées ni ignorées. [...] "On peut échapper à un danger identifiable, remarque l'historien Friedrich Zipfel. Mais une police qui travaille dans l'ombre devient insaisissable. On ne se sent à l'abri nulle part. Sans être omniprésente, elle risque toujours d'apparaître, de fouiller, d'arrêter. Le citoyen inquiet ne sait plus à qui se fier."  


Alors qu’il est très facile de citer le titre d’un livre se passant pendant la Seconde Guerre mondiale, il est beaucoup moins évident d’en trouver un qui évoque les années qui ont précédé ce conflit ; c’est pourtant le cas de Dans le jardin de la bête, qui nous plonge dans la montée du nazisme à Berlin depuis l’année 1933.
Lorsque William E. Dodd accepte le poste d’ambassadeur américain à Berlin, il est loin de se douter de ce qui l’attend. N’importe qui doit avoir le cœur bien accroché pour accepter une telle mission, mais il n’est de plus pas diplomate ; très vite, lui et sa famille se retrouvent projetés dans la vie politique du pays, cohabitant avec les nazis et les antinazis, dans un milieu de plus en plus hostile et dangereux. Aux États-Unis, on entend bien sûr parler du nazisme, mais Dodd se rendra bien vite compte que la réalité est toute autre.
Erik Larson est journaliste, ce que l’on remarque immédiatement : il s’est extrêmement bien documenté sur la période et sur le sujet et inclut dans ce roman de nombreuses citations et notes historiques très utiles pour les passionnés de cette période. Il en ressort un roman historique très complet, basé sur les notes personnelles des différents personnages que l’on apprend à connaître au fil des pages. Le lecteur découvre peu à peu la vraie nature du régime et vit de l’intérieur plusieurs évènements historiques de grande importance.
Le point fort, c’est sans aucun doute le mélange de points de vue ; l’auteur s’est servi de sources variées, ce qui nous permet d’entrevoir les difficultés de l’époque : impossible de faire confiance à qui que ce soit, impossible de dire ce que l’on pense – que ce soit en Allemagne, bien sûr, ou même à l’étranger – et impossible de ne pas se retrouver, d’une manière ou d’une autre, mêlé à tout cela. Au fil des pages, les personnages évoluent dans un monde de plus en plus dangereux, dans lequel les abus de pouvoir sont monnaie courante. Les nazis, la Gestapo, les SS, les SA, l’armée... il y a de quoi se perdre dans les intrigues...
De manière générale, j’ai eu de la peine à me plonger dans le roman, principalement en raison du grand nombre de notes de bas de page, de citations et d’explications. Il était difficile de suivre le fil, car j’avais l’impression que l’on passait d’un évènement à l’autre sans lien et qu’il y avait un trop grand nombre de digressions. Le style, très documenté, rend également les personnages peu accessibles, ce qui n’aide pas à entrer dans l’histoire.
En reprenant à posteriori mes impressions sur le livre, je dois tout de même admettre que j’ai passé un bon moment et que c’est un livre extrêmement intéressant. Je pense que ma déception est due au fait que ce n’est pas vraiment ce que j’en attendais : en réalité, c’est un roman historique bien plus qu’un thriller... Une fois l’idée acceptée, les pages se sont tournées d’elles-mêmes.
Bien que le début ait été un peu difficile, une fois que l’on s’habitue au style, on a envie de connaître la suite... qui arrive finalement trop vite. Alors que le début est très détaillé, plus on arrive vers la fin, plus les évènements se précipitent et je trouve que ce déséquilibre au niveau du rythme est dommage. Mis à part ces petits détails, c’est un roman passionnant pour tous ceux qui aiment l’histoire, car il donne d’une part un point de vue différent, et traite d’autre part une période qui est finalement peu connue.
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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http://prixdeslecteurs.livredepoche.com/


* En bref... * 
Un roman historique sur les années précédant la Seconde Guerre mondiale.

Journaliste, Erik Larson nous propose un roman très documenté sur la montée du nazisme à Berlin. Aux côtés de l’ambassadeur William E. Dodd, qui est tout sauf un diplomate classique, on découvre la vraie nature du régime, qui se fait de plus en plus menaçant. D’importants évènements historiques nous sont décrits de plusieurs points de vue, grâce aux notes personnelles, aux archives et à la correspondance des différents personnages.
En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, on se retrouve projeté au cœur des intrigues que trament l’armée, les SS, les SA et la Gestapo, et la seule constante qui semble régner est la soif de pouvoir. Dans le jardin de la bête est un roman historique qui plaira à tous les passionnés d’histoire qui veulent découvrir un point de vue inédit sur une période que l’on connaît finalement peu.


 



Le camion qui livre - Le livre de poche

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Bonjour à tous...
C'est l'été, c'est les vacances, c'est l'occasion de lire...

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À cette occasion, Le Livre de poche organise un évènement inédit : le camion qui livre.
Du 16 juillet au 17 août 2014, un camion-librairie du Livre de Poche, en collaboration avec des librairies locales, se déplacera sur les plages françaises pour proposer aux vacanciers les coups de coeur de l'été ainsi que de nombreuses autres animations.

Donc, si vous êtes dans la région, n'hésitez pas à aller y jeter un coup d'oeil.... Voici le trajet et les dates auxquelles le camion qui livre s'arrêtera dans les différentes villes choisies...

 


Toulon Plage des Mourillons : 16-17 juillet
 
La Seyne sur Mer Parking les sablettes : 18 juillet
Hyères Place saint Louis : 19 juillet
 
Hyères Parking de l’Almanarre : 20 juillet
Fréjus (promenade) : 21-22 juillet
Saint-Jean-de-Luz Plage d’Erromardie : 25-26-27 juillet
Arcachon Place Thiers : 29-30 juillet
Arcachon Quartier du Moulleau : 31 juillet
La Palmyre Plage de La Palmyre : 2-3-4 août
Carnac Grande plage parking port en dro : 9-10 août
Quiberon Esplanade place Hoche : 11-12 août
Fouesnant Cap Coz : 14 août
Crozon-Morgat Place de l’église : 15 août
Bénodet Butte du Fort : 16-17 août

Si, comme moi, vous habitez un peu loin et que vous n'avez pas la chance de partir en vacances sur les plages, pas de problème, vous pouvez tout de même participer aux évènements proposés...
Le concours Instagram (#selfiebookldp)
Le camion à suivre en direct grâce à l'application smartphone
L'actualité du camion qui livre sur Twitter (#lecamionquilivre)
Et pour ceux d'entre vous qui ont la chance d'être sur place, nous comptons sur vous pour nous livrer les détails de l'évènement !

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Quelques mots sur la sélection :

À découvrir ici
 Ayant lu plusieurs des livres proposés grâce au Prix des lecteurs, je vous garantis que la sélection est vraiment super !
Vous avez lu certains titres ? Partagez vos avis et recommandations sur cet article !

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En attendant le départ du camion qui livre et de nouveaux articles sur les évènements organisés dans ce cadre, je vous souhaite une BONNE LECTURE !



[FR] Ce que cache ton nom - Clara Sánchez

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Titre : Ce que cache ton nom
Titre original : Lo que esconde tu nombre (ES)
Auteur : Clara Sánchez
Traducteur : Louise Adenis
Éditeur : Le Livre de Poche
Date de publication : 2010, 2012 (traduction française)
Pages : 475
 

* C'était terrifiant de les voir faire le bien. Ils se comportaient comme s'ils n'avaient jamais vraiment eu conscience d'avoir fait le mal. En général, dans la vie, le bien et le mal peuvent être difficiles à discerner mais, à Mauthausen, le mal était le mal. Jamais, de ma vie, je n'ai rencontré le bien absolu, en revanche, j'ai connu le MAL en lettres capitales, le mal et sa puissance de destruction, et il n'y avait en lui pas une once de bien. *
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Sandra, la trentaine, sans véritables attaches et enceinte d'un homme qu'elle vient de quitter, s'installe dans un village isolé de la côte espagnole non loin d'Alicante. Sur la plage où elle passe ses journées, elle fait la connaissance d'un couple d'octogénaires norvégiens, les Christensen. Rapidement, ils la prennent sous leur aile et la traitent comme la petit-fille qu'ils n'ont jamais eue. Mais un vieil homme tout juste débarqué d'Argentine va venir perturber cette belle entente : Julián, survivant de Mauthausen, révèle à Sandra la véritable identité des Christensen. D'abord méfiante, elle finit tout de même par se rendre à l'évidence. 
Le couple ne semble-t-il pas l'attirer chaque jour davantage dans ses filets ? Mais elle ne se rend pas encore compte que la connaissance de la vérité met sa vie en danger. À moins qu'elle ne lui donne un but, et lui permette de grandir.
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* Le mal ne sait pas qu'il est le mal, tant que quelqu'un ne lui arrache pas le masque du bien 


Comment Sandra, jeune femme enceinte un peu perdue, aurait-elle pu se douter de ce qui l’attendait sur cette plage tranquille dans les environs d’Alicante ? Comment aurait-elle pu prévoir que les deux rencontres qu’elle fait, alors que la saison touristique touche à sa fin et que la côte se vide peu à peu, allaient changer sa vie à jamais ?
Tout à fait par hasard, Sandra se lie d’amitié avec un couple d’octogénaires norvégiens et ses liens avec eux se resserrent rapidement. Elle en vient à faire partie de leur vie, mais elle fait alors une deuxième rencontre qui va bouleverser la première. Julián, un vieil homme arrivé tout droit d’Argentine, lui dévoile peu à peu l’horrible secret que cache le couple. Tout d’abord bien décidée à ne pas le croire, Sandra voit chaque jour de plus en plus d’indices qui l’obligent à se poser des questions... Et si Julián disait vrai, et qu’elle avait atterri au cœur d’un sombre milieu ? Et s’il était trop tard pour s’échapper ?
Dès les premières pages, le lecteur est entraîné dans l’univers sombre du nazisme ; tout le monde en a entendu parler, tout le monde pense que cela appartient au passé. Et pourtant, il arrive que le passé ressurgisse, de la manière la plus inattendue qui soit. Nous avons d’un côté l’innocence de la jeune Sandra, et de l’autre l’expérience du vieux Julián, qui a tant vécu, ou qui a plutôt survécu. L’auteur alterne les points de vue avec brio, faisant ressortir les contrastes entre les deux protagonistes, entre ce que l’un sait et que l’autre ignore, entre les apparences et la réalité.
La narration est une des grandes forces de ce roman : le lecteur peut, au fil des pages, reconstituer le puzzle grâce aux pièces disséminées dans les l’histoire. Certaines scènes sont racontées par Sandra, puis c’est Julián qui prend le relais (ou inversement), ce qui donne une lumière nouvelle aux évènements. Chaque détail a une explication et tout se met peu à peu en place. L’atmosphère devient de plus en plus lourde et de plus en plus électrique. À mesure que Sandra découvre la vérité la peur gagne le lecteur, qui se fait malgré lui plus attentif, guettant chaque indice, chaque piège potentiel. Nous voici à peine arrivés à la moitié de l’intrigue que l’environnement accueillant et tranquille du début du livre se fait hostile et menaçant. Nous en venons à douter de tout le monde, à nous interroger sur les motivations de chacun des personnages, tout comme Sandra, qui se retrouve projetée dans cette aventure sans qu’elle n’ait rien demandé à personne.
Les deux personnages principaux sont bien sûr Julián et Sandra qui, à tour de rôle, nous racontent les événements. L’avantage, c’est que nous avons ainsi deux points de vue bien différents : celui d’un vieil homme sachant parfaitement ce dont les autres personnages sont capables, et celui d’une jeune femme qui ignore tout du danger qui la guette et se laisse tromper par les apparences, comme la plupart des gens. C’est le fort contraste entre ces deux visions qui amène le lecteur à douter ; est-il vraiment possible que toutes ces personnes âgées, en apparence si serviables et aimables, soient les monstres que Julián décrit ? En toile de fond, Cara Sánchez nous fournit un certain nombre de détails historiques nécessaires à la compréhension de l’intrigue. L’information est très bien dosée et s’intègre parfaitement au déroulement de l’histoire.
À mon sens, Ce que cache ton nom est avant tout un thriller psychologique, mais aussi un roman d’apprentissage contenant une note de romance et incitant à la réflexion ; après les premiers chapitres, l’intrigue passe au second plan pour laisser la place aux personnages, à leurs sentiments et à leurs dilemmes. Faut-il dire la vérité à Sandra ? La protéger ? L’inciter à fuir ? Faut-il faire confiance à Julián et l’aider à mener à bien la mission qu’il s’est donnée ? On trouve de la haine, de l’affection, du respect, de la peur, et même de l’amour. Dans les premières pages, on pense que tout est calculé et qu’il s’agit d’un plan dont chaque détail a été mis au point pour satisfaire un besoin de vengeance qui nous paraît parfaitement compréhensible. Pourtant, de nombreuses surprises attendent non seulement le lecteur, mais aussi les différents personnages, trop sûrs d’eux pour prévoir ce qui les attend.
Ce que cache ton nom est un très bon thriller psychologique qui met en scène une intrigue inquiétante mise en valeur par de nombreuses rencontres auxquelles personne ne s’attend. Les changements de point de vue sont menés d’une main de maître, nous forçant peu à peu à nous défaire de l’innocence qui était nôtre au début du roman. Nous assistons à un combat contre le mal, un mal absolu, inimaginable, et qui pourtant se cache dans la vie quotidienne, sous des apparences tout à fait normales. On en vient à se demander... et si, comme Sandra, nous avions inconsciemment côtoyé de telles personnes ?
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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http://prixdeslecteurs.livredepoche.com/


* En bref... * 
Le mal se cache là où on l’attend le moins...

C’est ce que découvre la jeune Sandra, projetée bien malgré elle au cœur d’une sombre aventure avec, en toile de fond, le nazisme et les camps de concentration de la seconde guerre mondiale. Un première rencontre, celle des Christensen, un couple octogénaire norvégien dont la jeune femme deviendra rapidement proche ; puis une deuxième rencontre qui va bouleverser la première, celle de Julián, vieil homme lui aussi, qui lève le voile sur un terrible secret.
Le lecteur navigue entre le point de vue innocent de Sandra et celui de Julián, qui sait parfaitement de quoi les autres personnages sont capables. Ce fort contraste nous fait douter et nous pousse à rechercher, aux côté de la jeune femme, des indices nous permettant de reconstituer les évènements. L’ambiance devient de plus en plus pesante et, très vite, l’univers accueillant présenté au début du roman se fait hostile et menaçant. On a de plus en plus l’impression d’être pris au piège. Qui surveille ? Qui est surveillé ? De nombreuses surprises attendent le lecteur, mais aussi les personnages, loin de se douter de l’ampleur ce qui se trame.
Clara Sánchez nous propose un thriller psychologique entraînant et plein de suspense, qui invite à une réflexion sur le mal. On en vient à se demander... et si nos voisins cachaient eux aussi un sombre secret ?





[FR] Les fantômes du Delta - Aurélien Molas

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Titre : Les fantômes du Delta
Auteur : Aurélien Molas
Éditeur : Le Livre de Poche
Date de publication : 2012
Pages : 596
 

* À présent, les torchères de l'exploitation embrasaient la nuit comme d'immenses phrares, crachant des couleurs qui retombaient en lambeaux sur la surface, teintant le fleuve de rouille et d'écarlate. Portée par la brise, les humeurs salines de l'océan Atlantique se mélangèrent aux vapeurs de pétrole, de gaz et à l'odeur fétide des égouts d'Onitsha et des stations d'épuration de Port Harcourt. Le Niger, la troisième veine du continent, n'était plus, avant son embouchure, qu'une hémorragie s'écoulant mollement vers les plages. *
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Le Delta du Niger, l'enfer sur terre. Un endroit dévasté par les marées noires des compagnies pétrolières, la famine et la violence de la guérilla. 
Benjamin Dufrais et sa collègue Megan, membres de Médecins sans frontières, tentent de lutter contre la malnutrition et d'aider les réfugiés. Mais ils se retrouvent pris dans la tourmente d'intérêts géopolitiques qui les dépassent. L'enjeu ? Une fillette dont l'ADN peut changer le monde. Chacun veut mettre la main dessus. Face au cynisme des multinationales, que pèsent les idéaux de deux médecins humanitaires bien décidés à ne pas les laisser faire ? 
Éloge à l'espoir, fresque épique tout autant que thriller, ce second roman confirme le talent d'Aurélien Molas. 
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* Joliba en mandingue.
Isa ber en songhaï.
Ngher en touareg.
Le Niger, le plus beau fleuve du monde, la mémoire de l'Afrique.
Prenant sa source dans les monts de Loma, il sinue sur quatre mille kilomètres, emportant dans son courant les langues et les coutumes, avant de rendre l'âme et de se fondre dans les hautes eaux du golfe de Guinée. Contaminé jusqu'à la vase par l'Histoire, il a traversé les siècles, porté les espoirs de fortune des colons britanniques et français, bercé des rêves d'indépendance et de révolte. C'était en le survolant que Taiwo Akinkunmi avait eu l'idée de composer le drapeau du Nigeria.
Un bande blanche encadrée de vert.
Un symbole de paix et d'unité. 


Décollage pour le Nigéria, où Aurélien Molas nous plonge dans une intrigue palpitante avec, en toile de fond, les sombres évènements politiques qui ont marqué le pays entre 2003 et 2010. Lorsqu’une équipe de Médecins sans frontières procède à une mission dans un orphelinat isolé, ses membres se rendent bien vite compte qu’on leur cache quelque chose, mais ils n’ont pas le temps de s’interroger car le bâtiment est soudain attaqué : commence alors un combat sans merci qui s’articule autour d’une enfant mystérieuse, la petite Naïs, que tout le monde s’arrache.
Tel un journaliste, l’auteur nous dépeint un paysage noir, un lieu de désolation et de corruption où les intérêts liés au pétrole déterminent tout. Les premiers chapitres posent le cadre du roman, que ce soit son atmosphère pesante, ses personnages fouillés ou le contexte géopolitique. Le point de vue change et le récit se mêle aux extraits de journaux, donnant un rythme de plus en plus soutenu à l’histoire.
Les personnages sont nombreux, mais ont tous une personnalité bien développée ; certains sont attachants, d’autres repoussants, mais il est impossible de rester indifférent. Et, bien entendu, la petite Naïs ne cesse d’intriguer. Pourquoi le gouvernement et les révolutionnaires veulent-ils à tout prix mettre la main sur elle ? On aimerait bien le découvrir, tout comme les médecins qui se sont donné pour mission de la protéger.
Les personnages principaux – Benjamin, Megan et Jacques – sont une des originalités qui font la force de ce livre. Ce ne sont pas des policiers, ni des détectives ou des journalistes, mais des médecins avec différentes motivations, partis sur un autre continent pour réaliser une mission humanitaire. Malgré leur dévouement et leur désir d’aider la population victime de malnutrition et de diverses maladies dues aux conditions de vie du pays, ils se retrouvent confrontés à une violence qu’ils étaient loin d’imaginer. Les meurtres et la corruption sont monnaie courante pour parvenir à ses fins, et personne n’est à l’abri. Au fil des pages, le lecteur découvrira une dure réalité et ressentira la même peur que les personnages.
L’intrigue est menée de manière admirable et le rythme est un parfait équilibre entre les scènes de suspense, les informations factuelles nécessaires à notre compréhension et les éléments biographiques des différents personnages. Le tout s’enchaîne naturellement, et on remarquera sans peine la qualité des recherches menées par l’auteur, qui mêle des faits historiques réels à la fiction.
L’écriture est très évocatrice et nous entraîne sur les traces des médecins, bien décidés à rendre le monde meilleur, ou au moins à ne pas laisser le mal régner. Seul petit détail que je critiquerais : le résumé de la quatrième de couverture, qui en dit trop sur les protagonistes à mon goût. Le suspense nous accompagne néanmoins tout au long de l’histoire ; nous voulons tout d’abord découvrir le secret de Naïs, puis savoir comment ce combat sans merci entre les révolutionnaires, le gouvernement et les médecins va se passer.
À mi-chemin entre un thriller psychologique, un roman géopolitique et une aventure haletante dans un pays inconnu, Les fantômes du Delta est un chef d’œuvre qu’il est impossible de lâcher avant la dernière page. La réalité à laquelle nous sommes confrontés est sombre et triste, mais on ne peut s’empêcher, aux côtés des Médecins sans frontières, de continuer à espérer. Et si, malgré le gouvernement corrompu, les multinationales qui ne pensent qu’au pétrole et les révolutionnaires désespéré, il y avait une solution pour que l’histoire se termine bien ?
Je remercie Le Livre de poche pour l’organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j’ai reçu ce roman.
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http://prixdeslecteurs.livredepoche.com/


* En bref... * 
Plongée au cœur du Nigéria...

À mi-chemin entre un thriller psychologique, un roman géopolitique et une aventure haletante dans un pays inconnu, Les fantômes du Delta est un chef d’œuvre qu’il est impossible de lâcher avant de connaître le fin mot de l’histoire. Quel est le secret de la petite Naïs, que le gouvernement et les révolutionnaires s’arrachent ? C’est ce qu’aimerait découvrir l’équipe de Médecins sans frontières en mission dans ce pays corrompu par le pétrole, qui s’est donné pour tâche de la protéger.
Aurélien Molas nous offre un livre original, mêlant suspense, faits historiques réels et fiction. Il varie les points de vue et inclut des articles de journaux mettant en place le contexte politique, ce qui donne une très bonne dynamique à l’intrigue. L’écriture très évocatrice met en scène la violence crue des différents intéressés. Les nombreux personnages ont leur propre personnalité, soit repoussante, soit attachante et, au fil des pages, la tension augmente alors qu’on se rend compte que les médecins évoluent dans un monde impitoyable où personne n’est à l’abri. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’espérer avec eux...





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