Titre : Vol de nuit
Auteur : Antoine de Saint-Exupéry
Éditeur : Folio
Date de publication : 2000 (1931)
Pages : 188
* Les collines, sous l'avion, creusaient déjà leur sillage d'ombre dans l'or du soir. Les plaines devenaient lumineuses mais d'une inusable lumière : dans ce pays, elle n'en finissent pas de rendre leur or de même qu'après l'hiver, elles n'en finissent pas de rendre leur neige. *
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Ainsi les trois avions postaux de la Patagonie, du Chili et du Paraguay revenaient du sud, le l'ouest et du nord vers Buenos Aires. On y attendait leur chargement pour donner le départ, vers minuit, à l'avion d'Europe.
Trois pilotes, chacun à l'arrière d'un capot lourd comme un chaland, perdus dans la nuit, méditaient leurs vols, et, vers la ville immense, descendraient lentement de leur ciel d'orage ou de paix, comme d'étranges paysans descendant de leurs montagnes.
Rivière, responsable du réseau entier, se promenait de long en large sur le terrain d'atterrissage de Buenos Aires. Il demeurait silencieux car, jusqu'à l'arrivée des trois avions, cette journée, pour lui, restait redoutable.
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* Si j'étais très juste, un vol de nuit serait à chaque fois une chance de mort. *
Les déplacements en avion sont devenus tellement ordinaires qu’il est facile d’oublier les débuts de l’aviation. Pourtant, les instruments et les technologies utilisés aujourd’hui ne sont pas apparus d’un claquement de doigts. Ils sont le fruit d’une longue évolution, basée sur différentes théories, sur des connaissances scientifiques et techniques, mais aussi sur les expériences et les accidents, qui ont entraîné une amélioration des aéronefs.
Autrefois, les pilotes étaient de véritables aventuriers, guidés par leur passion et prêts à prendre des risques incroyables. Bien avant que l’aviation ne se soit démocratisée et serve avant tout aux loisirs, son potentiel avait été repéré par l’armée et par les services postaux.
C’est justement de l’industrie postale que parle Vol de nuit. À une époque où le pilotage automatique n’existe pas, il est très difficile de voler la nuit. C’est pourtant l’objectif à atteindre, car c’est ce qui fait la différence entre le transport du courrier par route ou rail, et par air. C’est le début de l’aviation commerciale en Amérique du Sud : le lecteur suit trois pilotes qui cherchent à rejoindre l’Argentine depuis le Chili, la Patagonie et le Paraguay.
Antoine de Saint-Exupéry était lui-même aviateur, et cela se ressent dès les premières pages. Son roman n’est pas une description détaillée d'événements historiques mais une collection d'anecdotes et d’impressions qui donnent une bonne idée au lecteur de ce à quoi pouvait ressembler la vie d’un pilote à cette époque. Même s’ils sont anonymes, on ne peut s’empêcher de s’attacher à eux et, surtout, de les admirer. Tous font preuve d’un dévouement sans faille et sont prêts à tout abandonner pour leur métier.
Le personnage de Rivière est très intéressant ; il semblera peut-être cruel au premier abord, mais c’est un personnage bien plus difficile à cerner qu’il n’y paraît. Les différentes couches de sa personnalité lui donnent une profondeur touchante et, grâce à lui, l’auteur aborde des questions intéressantes, notamment celle du devoir, du sacrifice et de la liberté de choix.
Le ton du roman est très sobre, sans fioritures, mais très imaginé, si bien que le lecteur n’aura aucun mal à s’imaginer à bord des avions postaux d’Amérique du Sud. C’est un très beau livre que je recommande à tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’aviation.
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En bref... *
Un très beau roman retraçant les débuts de l’aviation postale ; un hommage au courage et au dévouement des pilotes d’autrefois !